Le document suivant présente les échanges avec Sonia Giroux et Marie Guilpin pour la révision des matrices de vulnérabilité des mammifères marins aux effets des stresseurs environnementaux reliés à la navigation.
Sonia Giroux : Pour les statuts, ceux que tu as mis sont des statuts du provincial. Pour les mammifères marins, on utilise les statuts du COSEPAC (fédéral). https://cosewic.ca/index.php/fr/processus-d-evaluation/evaluation-especes-sauvages-processus-categories-lignes-directrices/categories-statut.html
David Beauchesne : Nous utilisons ces critères également avec les données provinciales du CDPNQ. Afin de refléter la différence, nous avons modifié les critères pour que les niveaux de critères reflètent à la fois les statuts provinciaux et les statuts du COSEPAC, et nous avons utilisé les statuts fédéraux pour catégoriser les espèces de mammifères marins tel que proposé. Ceci étant dit, la catégorisation du statut demeure la même entre les statuts provinciaux et fédéraux.
SG : Super
SG : Concernant les stresseurs de nature anthropique pour les mammifères marins, la chasse aux phoques est toujours d'actualité et elle est gérée avec des quotas, mais elle peut quand même être un stresseur pour le phoque gris et le phoque du Groenland...C'est une réflexion.
DB : Malheureusement, la chasse aux phoques n’est pas couverte par notre mandat.
SG : Ok
SG : J'ai ensuite regardé une fiche (ex. rorqual à bosse). Je me demande pourquoi la navigation liée au transport maritime énumère tous les types de navires. Selon moi, il y a la navigation commerciale (cargo, porte-conteneurs, cargaison sèche, traversier) qui sont présents à l'année et de manière régulière dont les impacts sont similaires. Les risques encourus pour les mammifères marins concernent surtout le bruit sous-marin (toutes les espèces) et les risques de collision avec un navire (surtout les grands cétacés). Ces facteurs de risques sont cités dans les plans de rétablissement (ex. baleine bleue, rorqual commun, baleine noire). Mais c'est correct aussi de présenter tous les types de navires, peut-être ils ont des impacts différents pour d'autres espèces, mais pas vraiment pour les mammifères marins.
DB : Nous avons effectivement divisé tous les types de navires afin de pouvoir prédire leurs effets sur différents types de composantes valorisées, dont les mammifères marins. Ces navires peuvent également avoir différentes empreintes spatiales, ce qui est actuellement capturé, mais qui ne le serait pas si on les rassemblait. Au final, les analyses cumulatives ne sont pas affectées par ce groupement si la vulnérabilité utilisée est la même pour l’ensemble des types de navires. Peut-être sera-t-il judicieux dans une étape subséquente de rassembler certains types de navires, mais pour l’instant nous avons opté pour plus de détails. Nous avons toutefois augmenté d’une catégorie (i.e. persistent) le score de fréquence pour la navigation commerciale pour les cargos, les porte-conteneurs, les navires à cargaison sèche, les traversiers, les pétroliers et la navigation portuaire.
SG : Ok
SG : Il y aurait ensuite la catégorie des plaisanciers qui affecte différemment les mammifères marins (entre autres le béluga dans l'estuaire du Saint-Laurent car la saison de plaisance correspond à la mise bas chez cette espèce). Pour les autres espèces, l'impact concerne le bruit sous-marin (pour le béluga aussi).
DB : Le béluga est actuellement la seule espèce avec une valeur de vulnérabilité pour la catégorie de reproduction face à la navigation de plaisance. Elle est actuellement à 1 (i.e. Affecte certains aspects (e.g. comportement) sans affecter les capacités reproductives), e.g. Déplacement temporaire des sites d’alimentation). Considérant que c’est la seule espèce, est-ce que ça fait du sens ainsi?
SG : Oui, mais comme j'ai mentionné la navigation de plaisance qui se produit en même temps que la période des naissances pourrait avoir un impact plus grand qu'on le pense.https://www.infodimanche.com/actualites/actualite/400279/parcs-canada-et-peches-et-oceans-canada-sunissent-pour-la-protection-du-beluga
SG : Il y a les bateaux d'observation de mammifères marins qui affectent l'alimentation des grands rorquals, notamment à la tête du chenal Laurentien et dans les secteur d'alimentation. Une étude a démontré que la présence de navires (excursionnistes) en nombre élevé diminuent le temps de plongée lié à l'alimentation, ce qui impacte l'animal qui vient dans nos eux pour refaire leurs réserves de graisses. Il y a aussi la problématique du bruit -sous-marins qui masquent les sons essentiels pour les baleines pour s'orienter (écolocalisation), etc. Voir les infographies du guide Navires et baleines p. 15 et 17.
SG : Ça peut demander plus d'énergie si les baleines doivent parcourir de très longues distances, donc affecter le succès reproductif
Marie Guilpin : En effet, et même dans le cas où les déplacements seraient relativement de courtes distances, tout dépend aussi de la fréquence du déplacement temporaire, une faible perturbation mais à une fréquence élevée peut avoir d'importantes conséquences.
DB : C’est bien noté. Ma suggestion serait alors d’augmenter le critère de vulnérabilité pour la reproduction de 0 à 1, i.e. un effet faible (i.e. Affecte certains aspects (e.g. comportement) sans affecter les capacités reproductives, e.g. Déplacement temporaire des sites d’alimentation) pour le rorqual à bosse, le rorqual bleu et le rorqual commun.
SG : Oui, c'est bien
MG : Pour le rorqual bleu en particulier, les capacités reproductives pourraient être affectées par le dérangement dû à la présence de bateaux d'observation, dépendamment de la fréquence du dérangement et des densités de krill disponibles. Mais cela reste une hypothèse et selon l'échelle temporelle considérée, il n'est pas impossible de penser que les individus impactés quitteraient la zone avant que leurs capacités reproductives soient mises à mal . Il sera trop tard pour ce rapport mais à titre informatif je te laisserais savoir quand mon dernier chapitre de thèse est publié.
SG : Je ne sais pas si tu connais notre site web www.navigationbaleines.ca où on y retrouve des portails selon le type d'usagers. Dans le portail de l'industrie maritime, on y retrouve d'ailleurs le guide Navires et baleines. Les impacts de la navigation y sont bien expliqués aux pages 13 à 19. Et dans les fiches d'espèces à la fin, dans la section vulnérabilité, les informations tirés des plans de rétablissement y sont résumé en quelques lignes pour chaque espèce. https://navigationbaleines.ca/wp-content/uploads/GUIDE-NAVIRESETBALEINES_FR_compressed.pdf
DB : Je connais bien ce rapport puisque nous avons utilisé ses données pour déterminer la distribution des mammifères marins. J’ai toutefois relu les sections sur la vulnérabilité et je me demandais si les risques de mortalités reliés aux collisions avec les navires marchands devraient être augmentés pour la baleine bleue, le rorqual commun et le rorqual à bosse?
SG : Oui, en effet, ça devrait être augmenté pour tous les grands rorquals
MG : Oui, je suis d'accord
SG : Pour les prises accessoires, elles sont plutôt rares chez les grands rorquals et elles concernent plus les filets maillants des palangriers ou les fixes et ce sont les marsouins communs et les phoques qui sont les plus susceptibles. Chez les grandes baleines, on parle plus de prises accidentelles (c'est un langage technique, mais ce n'est pas la même chose). Il s'agit la plupart du temps des cordages flottants des casiers de crabes et d'homards. Petit rorqual, rorqual commun, rorqual bleu et baleine noire sont sujets à cette menace. Voir les infographies et les fiches des espèces (section vulnérabilité) au lien suivant : https://romm-app-baleine.preprod.ogsl.ca/wp-content/uploads/GUIDE-PECHESETBALEINES_FR_VF_compresse.pdf
DB : Je suggérerais ainsi les modifications suivantes:
- Petit rorqual, rorqual commun, rorqual bleu et rorqual à bosse, vulnérabilité aux effets de la pêche démersale non-destructive à fortes prises accessoires élevées (inclut les casiers). Peu vulnérable aux autres types de pêche en zone côtière.
- Marsouin commun, phoque gris, phoque commun, sensible aux pêches pélagiques à fortes prises accessoires (inclus le filet maillant et la palangre)
- Béluga, peu vulnérable aux pêches. Selon les archives du RQUMM, il y a déjà eu quelques antécédents
- Phoque du Groenland, pas vulnérable, mismatch temporel avec les activités de pêche. Attention, présent sporadiquement au printemps et parfois visites sporadiques de troupeaux en été dans l'estuaire ( tadoussac)
SG : Pour le dragage, Pêches et Océans exige des observateurs de mammifères marins certifiés pour faire arrêter les travaux et effectuer la surveillance en présence de mammifères marins. le dragage dans l'habitat essentiel des bélugas se fait pratiquement à chaque année à Rivière-du-Loup. Les travaux de dragage nécessitent un permis à Pêches et Océans Canada lorsque les travaux sont effectués dans l'habitat des baleines. Donc l'impact, surtout chez le béluga, mais aussi chez d'autres baleines est de plus en plus considéré.
SB : Devrait-on indiquer une vulnérabilité nulle à cause des mesures de gestion?
SG : Non, au contraire, il y a des mesures à cause de risques. Mais les mesures diminuent les risques.
DB : Concernant le Phoque du Groenland. Ma compréhension est que l’espèce est présente uniquement l’automne et l’hiver. Ça voudrait donc dire que les stresseurs environnementaux que nous prennons en considération qui ne sont présents que le printemps et l’été comme la pêche, le dragage, l’observation de mammifères marins, la navigation de plaisance, n’auraient pas d’effets pressentis sur cette espèce. Pour l’instant j’aurais tendance à mettre la vulnérabilité de cette espèce à ces stresseurs à zéro, et d’indiquer des effets de la navigation commerciale qui oeuvre l’hiver (cargo, pétroliers, traversiers, etc). Est-ce que ça ferait du sens selon vous?
SG : Les phoques du Groenland sont présents dans le Saint-Laurent en hiver et au printemps. Il n'est pas rare de voir des troupeaux s'aventurer dans le parc marin en plein été, mais c'est plutôt sporadique. C'est une information supplémentaire, en effet, ce sont plus des risques de collisions hiver-printemps.
MG : Je suis d'accord avec ta suggestion et la réponse de Sonia.
DB : Sonia, dans le google sheet tu as fait le commentaire suivant: Chez le béluga, la dystocie affecte les femelles (meurent lors de la mise bas ou le jeune est mort-né). Il peut donc y avoir reproduction mais mortalité de la mère ou du nouveau-né. Est-ce que ça peut être associé à un stresseur en particulier?
MG : Exemples mortalité tableau 3.20 critères vulnérabilité espèces : Il faudrait ajouter les collision avec les navires, notamment les cargos. Je comprends que ceci est mentionné dans la section effets sur la population, mais je crois qu'il devrait aussi figurer dans la probabilité de mortalité
DB : Les modifications proposées ont été ajoutées.
MG : Navigation + rorqual à bosse: affecte un seule individu à la fois si il n'y a qu'un seul individu dans le secteur. mais qu'en est-il du bruit qui pourrait affecter plus d'un individu, dépendamment de la fréquence de la nuisance sonore, la propagation peut se faire sur de longues distances? Aussi valable pour les autres rorquals
DB : Le bruit n’a pas été considéré dans notre étude parce que les données étaient indisponibles. J’ai donc réfléchi aux effets de la navigation davantage en termes de leurs effets directs sur les individus. Par contre, il serait effectivement possible de considérer les effets de la navigation plus largement et indiquer que les effets sur la population ne sont pas que sur un seul individu (catégorie niveau 1), mais plutôt sur une forte proportion de la population (catégorie niveau 2) pour la navigation commerciale pour le rorquals communs, rorquals à bosse et rorqual bleu. Est-ce que ça aurait du sens?
SG : À titre informatif, il y a un atlas des bruits sous-marins fait par des chercheurs UQAR : https://www.uqar.ca/nouvelles/uqar-info/3652-un-atlas-des-paysages-acoustiques-oceaniques-est-lance-sur-le-web. Selon moi, le bruit est à considérer puisqu'il s'agit d'un impact majeur inclut dans les plans de rétablissement, dont celui du béluga, rorqual bleu, etc. https://inter-l01-uat.dfo-mpo.gc.ca/infoceans/fr/infocean/le-bruit-sous-marin-et-ses-effets-sur-le-beluga-de-lestuaire-du-saint-laurent
DB : Je connais cet Atlas et il fait parti des perspectives énoncées dans notre rapport. Malheureusement, par contre, malgré l'apparence de partage de données, les données de cet Atlas ne sont pas accessibles à l'extérieur de leur outil de visualisation. Je ne peux donc pas les utiliser pour notre évaluation. J'espère qu'un jour ça sera possible!
MG : Je comprends que les données ne soient pas disponibles et ton cheminement. Comme l'indique Sonia ci-dessus, le bruit est à prendre en compte et j'aime ta suggestion de passer en catégorie niveau 2 (forte porportion de la population).
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