library(knitr) library(rmdformats) oldpar <- par() oldoptions <- options() ## Global options options(max.print="75") opts_chunk$set(echo=TRUE, cache=FALSE, prompt=FALSE, tidy=FALSE, comment=NA, message=FALSE, warning=FALSE) opts_knit$set(width=75)
On commence par charger les extensions (packages) nécessaires (qu'il faut au préalable installer si elles ne le sont pas déjà) : TraMineR
{.pkg} et TraMineRextras
{.pkg} pour le traitement des séquences, cluster
{.pkg} pour les méthodes de classification automatique, WeightedCluster
{.pkg} en complément des précédentes, FactoMineR
{.pkg} et ade4
{.pkg} pour les analyses factorielles, RColorBrewer
{.pkg} pour les palettes de couleurs, questionr
{.pkg} et descriptio
{.pkg} pour les statistiques descriptives, dplyr
{.pkg} et purrr
{.pkg} pour la manipulation de données, ggplot2
{.pkg} pour les graphiques et seqhandbook
{.pkg} l'extension qui accompagne le manuel.
library(TraMineR) library(TraMineRextras) library(cluster) library(WeightedCluster) library(FactoMineR) library(ade4) library(RColorBrewer) library(questionr) library(descriptio) library(dplyr) library(purrr) library(ggplot2) library(seqhandbook)
On charge ensuite les données utilisées dans le manuel. Les données sur les trajectoires d'emploi sont dans le tableau de données (data frame) trajact
: il y a 500 observations, i.e. 500 trajectoires individuelles, et 37 variables, correspondant au statut d'activité observé chaque année entre 14 ans et 50 ans.
# chargement des trajectoires data(trajact) str(trajact)
La première étape de l'analyse de séquences consiste à créer un corpus de séquences, c'est-à-dire un objet de classe stslist
à l'aide la fonction seqdef
. On définit d'abord les labels des 6 états et une palette de 6 couleurs (c'est facultatif: seqdef
crée labels et palette de manière automatique si on ne lui fournit pas).
# définition du corpus de séquences labs <- c("études","temps plein","temps partiel","petits boulots","inactivité","serv. militaire") palette <- brewer.pal(length(labs), 'Set2') seqact <- seqdef(trajact, labels=labs, cpal=palette)
Notre corpus de 500 séquences comporte 377 séquences distinctes, ce qui confirme l'intérêt d'utiliser une procédure statistique pour regrouper les séquences qui se ressemblent.
# nombre de séquences distinctes seqtab(seqact, idx=0) %>% nrow
Le chronogramme (state distribution plot) de l'ensemble des séquences fait apparaître la prépondérance de l'emploi à temps plein et le poids non négligeable de l'inactivité.
# chronogramme seqdplot(seqact, xtlab=14:50, cex.legend=0.7)
On charge également un tableau de données contenant quelques variables socio-démographiques sur les individus. A noter, les variables catégorielles sont au format factor
.
# chargement des variables socio-démographiques data(socdem) str(socdem)
A titre d'exemple, on construit une matrice de distance à partir d'indicateurs décrivant le nombre d'épisodes dans les différents états. Le premier individu a passé l'ensemble de sa trajectoire en emploi à temps plein, alors que le second a connu un épisode de temps plein mais aussi un épisode d'études et deux de temps partiel.
indics <- seqinepi(seqact) head(indics)
La matrice peut être calculée directement à partir des indicateurs ou après une étape d'analyse en composantes principales (ACP), ici en retenant les 5 premières dimensions.
# matrice de distance à partir des indicateurs dissim <- dist(indics, method='euclidean') %>% as.matrix # matrice de distance à partir des résultats d'une ACP acp_coords <- PCA(indics, scale.unit=FALSE, ncp=5, graph=FALSE)$ind$coord dissim <- dist(acp_coords, method='euclidean') %>% as.matrix
D'autres indicateurs synthétiques (durées, états visités, etc.) peuvent être calculés simplement à partir des fonctions seqistatd
, seqi1epi
, seqifpos
, seqindic
ou seqpropclust
.
Dans le cas du codage sous forme de disjonctif complet, la matrice de distance peut être calculée directement, avec la distance euclidienne ou la distance du chi2, ou après une étape d'analyse en composantes principales (ACP) ou d'analyse des correspondances multiples (ACM), ici en retenant les 5 premières dimensions.
NB : map_df
permet d'appliquer une même fonction à l'ensemble des colonnes d'un tableau de données. Ici, cette fonction est utilisée pour convertir les colonnes du format numérique vers le format factor
.
# codage disjonctif complet disjo <- as.data.frame(tab.disjonctif(seqact)) disjo <- disjo[,colSums(disjo)>0] # distance euclidienne dissim <- dist(disjo, method='euclidean') %>% as.matrix # distance du chi2 dissim <- map_df(disjo, as.factor) %>% dudi.acm(scannf=FALSE, nf=ncol(disjo)) %>% dist.dudi() %>% as.matrix # après une ACP acp_coords <- PCA(disjo, scale.unit=FALSE, ncp=5, graph=FALSE)$ind$coord dissim <- dist(acp_coords, method='euclidean') %>% as.matrix # après une ACM acm_res <- purrr::map_df(disjo, as.factor) %>% MCA(ncp=5, graph=FALSE) dissim <- dist(acm_res$ind$coord, method='euclidean') %>% as.matrix
Pour l'analyse harmonique qualitative (AHQ), le calcul de la matrice de distance peut se faire directement (distance du chi2) ou après une analyse factorielle des correspondances (AFC), ici en retenant les 5 premières dimensions.
# codage AHQ ahq <- seq2qha(seqact, c(1,3,7,10,15,20,28)) ahq <- ahq[,colSums(ahq)>0] # distance du chi2 dissim <- dudi.coa(ahq, scannf=FALSE, nf=ncol(ahq)) %>% dist.dudi() %>% as.matrix # après une AFC afc_coord <- CA(ahq, ncp=5, graph=FALSE)$row$coord dissim <- dist(afc_coord, method='euclidean') %>% as.matrix
Pour l'Optimal Matching, la construction d'une matrice de distance entre les séquences s'effectue avec la fonction seqdist
. Cela implique de définir également une matrice de coûts de substitution entre les états (avec la fonction seqsubm
). Ici, les coûts de substitution sont constants et égaux à 2 et le coût indel est égal à 1,5.
# construction de la matrice de distance couts <- seqsubm(seqact, method="CONSTANT", cval=2) dissim <- seqdist(seqact, method="OM", sm=couts, indel=1.5)
D'expérience, l'Optimal Matching avec le paramétrage adopté ici constitue un choix permettant de prendre en compte les différentes dimensions de la temporalité des séquences - ordonnancement (sequencing), calendrier (timing), durée (dans les différents états ou des épisodes, duration et spell duration). Si on souhaite privilégier l'une de ces dimensions, on peut suivre les recommandations de Studer & Ritschard (2016, voir en particulier pages 507-509), et choisir l'une des nombreuses autres métriques implémentées dans l'extension TraMineR
.
# sequencing dissim <- seqdist(seqact, method="OMstran", otto=0.1, sm=couts, indel=1) dissim <- seqdist(seqact, method="OMspell", expcost=0, sm=couts, indel=1) dissim <- seqdist(seqact, method="SVRspell", tpow=0) # timing dissim <- seqdist(seqact, method="HAM", sm=couts) dissim <- seqdist(seqact, method="CHI2", step=1) # duration (distribution aver the entire period) dissim <- seqdist(seqact, method="EUCLID", step=37) # duration (spell lengths) dissim <- seqdist(seqact, method="OMspell", expcost=1, sm=couts, indel=1) dissim <- seqdist(seqact, method="LCS")
A noter, les méthodes passant par le disjonctif complet ou l'AHQ sont également implémentées dans la fonction seqdist
(méthodes "EUCLID" et "CHI2").
On réalise ensuite une classification ascendante hiérarchique (CAH) avec le critère d'agrégation de Ward, à l'aide de la fonction agnes
de l'extension cluster
.
NB : Avec un nombre élevé de séquences, la CAH peut nécessiter un temps de calcul important. Il existe cependant une implémentation nettement plus rapide dans l'extension fastcluster
(fonction hclust
).
# classification ascendante hiérarchique agnes <- as.dist(dissim) %>% agnes(method="ward", keep.diss=FALSE)
Pour explorer les solutions d'une classification ascendante hiérarchique, on commence généralement par examiner le dendrogramme.
# dendrogramme as.dendrogram(agnes) %>% plot(leaflab="none")
Le graphique suivant combine dendrogramme et index plot: les séquences de l'index plot sont triées selon leur position dans le dendrogramme, lui-même représenté en marge du graphique.
# heatmap (dendrogramme + index plot) seq_heatmap(seqact, agnes)
L'examen des sauts d'inertie peut également être utile pour déterminer le nombre de classes de la typologie. On voit par exemple qu'il y a une différence d'inertie notable entre les partitions en 5 et 6 classes.
# graphique des sauts d'inertie plot(sort(agnes$height, decreasing=TRUE)[1:20], type="s", xlab="nombre de classes", ylab="inertie")
Il existe aussi un certain nombre d'indicateurs de qualité des partitions (silhouette, Calinski-Harabasz, pseudo-R2, etc.; voir Studer, 2013).
# indicateurs de qualité wardRange <- as.clustrange(agnes, diss=dissim) summary(wardRange, max.rank=2)
On représente ici graphiquement la qualité des partitions pour différents nombres de classes pour les indicateurs silhouette, pseudo-R2 et Calinski-Harabasz.
plot(wardRange, stat=c('ASW','R2','CH'), norm="zscore")
On opte au final pour une partition en 5 classes, en "coupant l'arbre" de la CAH à l'aide de la fonction cutree
.
# choix de la partition en 5 classes nbcl <- 5 part <- cutree(agnes, nbcl)
Il est possible de "consolider" la partition à l'aide de l'algorithme PAM (Partition Around Medoids) et de la fonction wcKMedoids
de l'extension WeightedCluster
. On aboutit ainsi à une distribution des séquences entre les classes très similaire (cf le tri croisant les classes avant et après consolidation) mais la qualité de la partition consolidée est légèrement supérieure (le R² passe de 61 à 64%).
# consolidation de la partition newpart <- wcKMedoids(dissim, k=nbcl, initialclust=part, cluster.only=TRUE) table(part, newpart) wcClusterQuality(dissim, part)$stats['R2sq'] %>% round(3) wcClusterQuality(dissim, newpart)$stats['R2sq'] %>% round(3)
Si on souhaite conserver la partition consolidée :
part <- as.numeric(as.factor(newpart))
NB : Autre option, la classification "floue", ici avec l'algorithme Fanny (extension cluster
). A la différence de la CAH ou de PAM, chaque séquence n'appartient pas à une seule classe mais se caractérise par des degrés d'appartenance aux différentes classes. Le tableau suivant présente les degrés d'appartenance aux 6 classes des 3 premières séquences du corpus. La première séquence appartient à 99% à la classe 1, mais la seconde est plus "partagée", principalement entre les classes 2 et 5.
# classification floue (fuzzy clustering) fanny <- as.dist(dissim) %>% fanny(k=5, metric='euclidean', memb.exp=1.2) fanny$membership %>% round(2) %>% .[1:3,]
Les représentations graphiques permettent de se faire une idée rapide et intuitive de la nature des classes de la typologie. Le type de graphique le plus utilisé est le chronogramme (state distribution plot).
# chronogrammes de la typologie seqdplot(seqact, group=part, xtlab=14:50, border=NA, cex.legend=0.8)
Les index plots (ou "tapis") sont également très répandus.
# index plots de la typologie seqIplot(seqact, group=part, xtlab=14:50, yaxis=FALSE, cex.legend=0.8)
Les index plots sont souvent plus faciles à interpréter lorsqu'on trie les séquences, en particulier à partir d'une procédure de multidimensional scaling.
# index plots de la typologie, triés par multidimensional scaling mds.order <- cmdscale(dissim,k=1) seqIplot(seqact, sortv=mds.order, group=part, xtlab=14:50, yaxis=FALSE, cex.legend=0.8)
Ils peuvent également être "lissés", pour les rendre plus lisibles.
Méthode des "smoothed MDS sequence plots" (Piccarreta, 2012):
smoothed <- seqsmooth(seqact, dissim, k=30)$seqdata seqIplot(smoothed, sortv=mds.order, group=part, xtlab=14:50, yaxis=FALSE, cex.legend=0.8)
Méthode des "relative frequency sequence plots" (Fasang & Liao, 2013):
# relative frequency sequence plots seqplot.rf(seqact, diss=dissim, group=part, xtlab=14:50, which.plot="medoids")
Les sequence frequency plots représentent, pour chaque classe, les 10 séquences les plus fréquentes (avec une épaisseur proportionnelle à leur fréquence).
# frequency plots seqfplot(seqact, group=part, ylab="", xtlab=14:50, cex.legend=0.8)
Les modal state sequence plots représentent, pour chaque classe, la séquence des états modaux pour chaque position dans le temps. A chaque position dans le temps, la hauteur de la barre est proportionnelle à la fréquence de l'état modal.
# modal state plots seqmsplot(seqact, group=part, xtlab=14:50, cex.legend=0.8)
# representative sequence plots seqrplot(seqact, group=part, diss=dissim, nrep=10, xtlab=14:50)
La première étape de description statistique de la typologie consiste généralement à présenter le poids des classes. La classe 2 rassemble plus de la moitié des individus, alors que les classes 3 et 5 sont de très petite taille.
# effectifs et pourcentages freq(part)
Il est utile d'évaluer l'homogénéité des classes. Cela peut se faire à partir des distances intra-classes. Les classes 1 et 2 sont les plus homogènes.
# distances intra-classes Dintra <- integer(length=nbcl) for(i in 1:nbcl) Dintra[i] <- round(mean(dissim[part==i,part==i]),1) Dintra
Les résultats sont convergents à partir des distances moyennes aux centres de classe :
# distances moyennes au centre de la classe dissassoc(dissim, part)$groups
De même avec l'entropie transversale :
# entropie transversale moyenne par classe entropie <- vector() for(i in 1:nbcl) entropie[i] <- round(mean(seqstatd(seqact[part==i,])$Entropy),2) entropie
Pour donner une vision plus détaillée de la forme des trajectoires de chaque classe, on calcule des indicateurs synthétiques, puis leur moyenne selon la classe de la typologie. La durée passée dans les états :
# durées dans les états selon la classe dur <- seqistatd(seqact) durees <- round(aggregate(dur, by=list(part), FUN=mean), 1) rownames(durees) <- NULL durees
La part d'individus ayant connu au moins un épisode dans les états :
# au moins un épisode dans les états, selon la classe epi <- seqi1epi(seqact) episodes <- round(aggregate(epi, by=list(part), FUN=mean), 2) rownames(episodes) <- NULL episodes
Ensuite, on croise la typologie avec les caractéristiques des individus. On commence par une analyse bivariée du type de trajectoire selon le sexe. Le V² de Cramer est de 0,40, indiquant une association notable. Les femmes sont très sur-représentées dans la classe 4 et secondairement dans la classe 3, alors que les hommes sont sur-représentés dans les classes 1 et 2 (les valeurs "phi" correspondent aux attractions ou répulsions entre modalités).
NB : Les deux objets part
et socdem
ne doivent pas avoir été triés. Si c'est malgré tout le cas, il faut les fusionner à partir d'un identfiant commun, ou les retrier selon l'ordre initial.
asso <- assoc.twocat(factor(part), socdem$sexe) asso$global$cramer.v asso$local$phi
On examine ensuite les sur-représentations pour chaque classe de la typologie à partir de l'ensemble des caractéristiques individuelles présentes dans le tableau de données socdem
. On constate tout d'abord que seules trois variables ne semblent pas notablement liées au type de trajectoire (mereactive, nbunion, nationalite). Pour ne prendre que l'exemple de la classe 4, on voit que les femmes y sont sur-représentées, ainsi que les individus ayant trois enfants ou plus, sans diplôme ou de PCS inconnue (ce qui n'est certainement pas sans lien avec l'inactivité).
catdesc(factor(part), socdem, limit = 0.1)
Pour "incarner" la typologie, on recourt parfois aux parangons (medoids) des classes, dont on retrace de manière détaillée les trajectoires à partir d'informations non prises en compte dans le codage des trajectoires.
# parangon de chaque classe (numéros de ligne dans le fichier de données) medoids(dissim, part)
On définit ici une séquence "de référence" correspondant à une trajectoire d'emploi à temps plein en continu à partir de 18 ans, c'est-à-dire une séquence composée de 4 années d'études puis de 33 années d'emploi à temps plein. On calcule ensuite, pour chaque séquence, sa distance à la séquence de référence: dans quelle mesure s'écartent-elles de cette référence ?
ref <- seqdef(as.matrix("(1,4)-(2,33)"), informat="SPS", alphabet=alphabet(seqact)) distref <- seqdist(seqact, refseq = ref, method="OM", sm=couts, indel=1.5)
On observe ensuite la distribution de ces écarts en fonction du sexe et du nombre d'enfants. On constate que les trajectoires des femmes s’écartent plus de la trajectoire d’emploi continu à temps plein que celles des hommes lorsqu'elles ou ils ont un ou plusieurs enfants. L’écart est particulièrement fort chez les femmes ayant trois enfants ou plus.
socdem %>% select(sexe,nbenf) %>% mutate(distref=distref) %>% ggplot(aes(x=nbenf, y=distref)) + geom_boxplot(aes(fill=sexe), notch=T) + xlab("nombre d'enfants") + ylab("distance à la référence") + theme_bw()
On compare les distances entre les trajectoires féminines et les distances entre trajectoires masculines. Les trajectoires masculines sont nettement plus homogènes ou, pour le dire autrement, celles des femmes sont plus diversifiées.
# distances intra-classes selon le sexe sapply(levels(socdem$sexe), function(x) round(mean(dissim[socdem$sexe==x,socdem$sexe==x]),1))
La matrice de distance entre trajectoires peut être résumée graphiquement à partir d'un multidimensional scaling (MDS). On représente ici le nuage des individus dans le plan formé par les deux premiers axes, en colorant les points selon leur classe, puis on projette le sexe en variable supplémentaire. On observe par exemple que, sur le premier axe, les classes 1 et 2 s'opposent aux autres, et que les hommes sont du côté des classes 1 et 2.
mds <- cmdscale(dissim, k=2) plot(mds, type='n', xlab="axe 1", ylab="axe 2") abline(h=0, v=0, lty=2, col='lightgray') points(mds, pch=20, col=part) legend('topleft', paste('classe',1:nbcl), pch=20, col=1:nbcl, cex=0.8) text(aggregate(mds, list(socdem$sexe), mean)[,-1], levels(socdem$sexe), col='orange', cex=1, font=2)
On peut étudier la distribution d'indicateurs synthétisant les trajectoires en fonction d'autres caractéristiques des individus. Par exemple, le temps passé dans les différents états selon le sexe : on voit apparaître le poids de l'inactivité dans les trajectoires féminines.
# durées dans les états selon le sexe dur <- seqistatd(seqact) durees_sexe <- aggregate(dur, by=list(socdem$sexe), function(x) round(mean(x),1)) rownames(durees_sexe) <- NULL colnames(durees_sexe) <- c("classe",labs) durees_sexe
On donne maintenant un exemple d'indicateur de complexité des trajectoires, la turbulence, croisé avec l'année de naissance. On ne constate pas d'évolution notable.
# turbulence turbu <- aggregate(seqST(seqact), list(socdem$annais), mean) plot(turbu, type='l', ylim=c(0,10), xlab='Année de naissance')
D'autres indicateurs de complexité des trajectoires peuvent être calculés facilement : indice de complexité (fonction seqici
), entropie individuelle (fonction seqient
), nombre de transitions (fonction seqtransn
).
Avec une variable explicative unique, on mesure la part de la variance des dissimilarités expliquée par la variable (à l’aide d’un pseudo-R2), ainsi qu’une mesure de la variabilité des trajectoires pour chacune des modalités de la variable, i.e. dans chaque sous-population. Dans notre exemple, le sexe explique 7,4% de la variance des distances entre trajectoires d’emploi (cf pseudo R2 dans la rubrique Test values), et la variabilité des trajectoires est nettement plus élevée chez les femmes que chez les hommes (19,1 contre 9,4, cf rubrique Discrepancy per level).
# analyse de variance avec le sexe comme facteur dissassoc(dissim, socdem$sexe)
Il est possible de détailler ces indicateurs pour chaque position dans le temps des trajectoires. Ainsi, la part de variance expliquée par le sexe est presque nulle en début de trajectoire, elle croît ensuite fortement entre 18 ans et environ 30 ans (elle est alors de 14%), puis diminue pour n’être plus que de 5% à 50 ans.
# analyse de variance selon la position dans le temps diff <- seqdiff(seqact, group=socdem$sexe) rownames(diff$stat) <- rownames(diff$discrepancy) <- 14:49 plot(diff, stat="Pseudo R2")
La variabilité des trajectoires des femmes et des hommes est faible en début de trajectoire et augmente jusqu’à l’âge de 21 ans. Les résultats divergent ensuite selon le sexe: la variabilité des trajectoires féminines se maintient jusqu’à 50 ans, alors que celle des hommes diminue fortement après 21 ans et atteint un niveau très faible entre 30 et 50 ans.
pal <- brewer.pal(ncol(diff$discrepancy), "Set2") plot(diff, stat="discrepancy", legend.pos=NA, col=pal, lwd=1.5) legend('topright', fill=pal, legend=colnames(diff$discrepancy), cex=0.7)
Avec plusieurs variables explicatives, on obtient la part de variance expliquée par l’ensemble des variables et la décomposition de cette part entre les variables. Ici, l’année de naissance, le sexe, le niveau de diplôme et le nombre d’enfants expliquent ensemble 16,2% de la variance des dissimilarités entre les trajectoires d’emploi: 7,7% pour le sexe, 6,0% pour le diplôme, 2,1% pour le nombre d’enfants et 0,3% pour l’année de naissance.
# analyse de la variance avec facteurs multiples dissmfacw(dissim ~ annais+nbenf+sexe+diplome, data=socdem)
Enfin, l’analyse de variance peut servir à construire un arbre de décision, dit aussi arbre d’induction.
# arbre d'induction arbre <- seqtree(seqact ~ annais+nbenf+sexe+diplome, data=socdem, diss=dissim, min.size=0.1, max.depth=3)
L'arbre peut être présenté sous forme textuelle ou graphique. A noter, la représentation graphique nécessite l'installation du logiciel GraphViz (cf l'aide de la function seqtreedisplay
).
Comme précédemment, on constate que la variable qui explique la plus grande part de variance des dissimilarités est le sexe. Ensuite, pour les femmes, la variable la plus discriminante est le nombre d’enfants et, plus précisément, le fait d’avoir ou non trois enfants ou plus. L’inactivité et, secondairement, le temps partiel sont plus présents dans les trajectoires des femmes ayant au moins trois enfants que dans celles des autres. Chez les hommes, en revanche, c’est le niveau de diplôme qui est le plus discriminant (les hommes entrent plus tard sur le marché du travail lorsqu’ils ont un diplôme supérieur ou égal au baccalauréat).
# résultats de l'arbre sous forme textuelle print(arbre)
# résultats de l'arbre sous forme graphique seqtreedisplay(arbre,type="d",border=NA,show.depth=TRUE)
knitr::include_graphics("http://nicolas.robette.free.fr/Docs/seqtree.png")
Pour étudier la manière dont les trajectoires diffèrent entre plusieurs sous-populations, Studer propose d’utiliser les statistiques implicatives. Il s’agit de reconstituer, pour chaque population, la séquence des états typiques (Studer, 2012; Struffolino et al, 2016).
Ici, le service militaire est typique des trajectoires des hommes autour de 20 ans, puis c’est l’emploi à temps plein à partir de 25 ans. L’inactivité est caractéristique des trajectoires des femmes, et cela dès l’âge de 18 ans. L’emploi à temps partiel l’est également, mais de manière moins marquée et à partir de 30 ans.
# statistiques implicatives implic <- seqimplic(seqact, group=socdem$sexe) # par(mar=c(2,2,2,2)) plot(implic, xtlab=14:50, lwd=2, conf.level=c(0.95, 0.99), cex.legend=0.7)
On commence par charger les données correspondant à trois dimensions des trajectoires de 500 individus tirés au sort dans l'enquête Biographies et entourage - matrimoniale, parentale et résidentielle - et observées de 14 à 35 ans.
data(seqmsa) trajmat <- seqmsa %>% select(starts_with('smat')) str(trajmat)
trajenf <- seqmsa %>% select(starts_with('nenf')) str(trajenf)
trajlog <- seqmsa %>% select(starts_with('slog')) str(trajlog)
On définit ensuite trois objets séquences (un par dimension).
# définition de la trajectoire matrimoniale labs <- c("jamais","union libre","marié","separé") palette <- brewer.pal(length(labs), 'Set2') seqmat <- seqdef(trajmat, labels=labs, cpal=palette)
# définition de la trajectoire parentale labs <- c("0","1","2","3+") palette <- brewer.pal(length(labs), 'YlOrRd') seqenf <- seqdef(trajenf, labels=labs, cpal=palette)
# définition de la trajectoire d'indépendance résidentielle labs <- c("non indépendant","indépendant") palette <- brewer.pal(3, 'Set1')[1:2] seqlog <- seqdef(trajlog, labels=labs, cpal=palette)
On calcule la matrice de distance de chacune des dimensions, en utisant l'Optimal Matching (coût de substitution unique et égal à 2, coût indel de 1,5).
# matrices de distances des différentes dimensions dmat <- seqdist(seqmat, method="OM", indel=1.5, sm=seqsubm(seqmat,"CONSTANT",cval=2)) denf <- seqdist(seqenf, method="OM", indel=1.5, sm=seqsubm(seqenf,"CONSTANT",cval=2)) dlog <- seqdist(seqlog, method="OM", indel=1.5, sm=seqsubm(seqlog,"CONSTANT",cval=2))
On calcule également une matrice de distance à partir d'une analyse de séquences multiples (dite aussi "multichannel sequence analysis"). On décide ici de garder les mêmes coûts pour chacune des dimensions, mais ce n'est pas obligatoire.
# matrice de distances entre séquences multidimensionnelles dissim.MSA <- seqdistmc(list(seqmat,seqenf,seqlog), method="OM", indel=1.5, sm=as.list(rep("CONSTANT",3)), cval=2)
On étudie ensuite dans quelle mesure les différentes dimensions sont liées, ce qui peut être réalisé de plusieurs manières (Piccarreta, 2017). D'après les corrélations, on voit que la dimension logement ("log") est la moins liée à la matrice de distance entre séquences multiples (appelée ici "jsa" pour Joint Sequence Analysis). Elle est de plus très peu associée à la dimension parentale ("enf"). Les dimensions matrimoniale ("mat") et parentales sont les plus liées. L'examen des alpha de Cronbach confirme ces résultats.
asso <- assoc.domains(list(dmat,denf,dlog), c('mat','enf','log'), dissim.MSA) asso
On peut encore se faire une idée de la structure des associations entre dimensions en réalisant une analyse en composantes principales (ACP) de la matrice de corrélation entre dimensions.
# ACP à partir des corrélations entre dimensions matcor <- asso$correlations$pearson[1:3,1:3] PCA <- PCA(matcor, scale.unit=F, graph=F) plot.PCA(PCA, choix='varcor')
On calcule ensuite plusieurs matrices de distance entre séquences multiples en excluant à chaque l'une des dimensions.
dnolog <- seqdistmc(list(seqmat,seqenf), method="OM", indel=1.5, sm=as.list(rep("CONSTANT",2)), cval=2) dnomat <- seqdistmc(list(seqenf,seqlog), method="OM", indel=1.5, sm=as.list(rep("CONSTANT",2)), cval=2) dnoenf <- seqdistmc(list(seqmat,seqlog), method="OM", indel=1.5, sm=as.list(rep("CONSTANT",2)), cval=2) dnolog <- as.numeric(as.dist(dnolog)) dnomat <- as.numeric(as.dist(dnomat)) dnoenf <- as.numeric(as.dist(dnoenf))
On examine ensuite, pour chaque dimension, la corrélation entre sa matrice de distance et la matrice de distance entre séquences multiples excluant cette dimension. Une fois encore, on voit que c'est la dimension logement qui est la moins associée aux autres.
dmat %>% as.dist %>% as.numeric %>% cor(dnomat) %>% round(3) denf %>% as.dist %>% as.numeric %>% cor(dnoenf) %>% round(3) dlog %>% as.dist %>% as.numeric %>% cor(dnolog) %>% round(3)
Une dernière option consiste à trier les index plots de toutes les dimensions selon les résultats d'un multidimensional scaling (MDS) réalisé pour une seule dimension (Piccarreta & Lior, 2010). Ici, on trie les séquences à partir d'un MDS de la dimension matrimoniale. L'ordre des séquences des deux autres dimensions semble obéir à une logique interprétable, on peut donc considérer que les dimensions sont suffisamment liées entre elles pour justifier une analyse de séquences multiples.
mds.msa <- cmdscale(dmat,k=1) par(mfrow=c(3,2), mar=c(2.1,2.1,2.1,2.1)) seqIplot(seqmat, sortv=mds.msa, xtlab=14:35, with.legend=FALSE, yaxis=FALSE, ylab="") seqlegend(seqmat, cex=0.7) seqIplot(seqenf, sortv=mds.msa, xtlab=14:35, with.legend=FALSE, yaxis=FALSE, ylab="") seqlegend(seqenf, cex=0.7) seqIplot(seqlog, sortv=mds.msa, xtlab=14:35, with.legend=FALSE, yaxis=FALSE, ylab="") seqlegend(seqlog, cex=0.7)
Pour obtenir une typologie, on réalise une CAH à partir de la matrice de distance issue de l'analyse de séquences multiples.
# classification ascendante hiérarchique agnes.MSA <- agnes(as.dist(dissim.MSA), method="ward", keep.diss=FALSE) plot(as.dendrogram(agnes.MSA), leaflab="none")
On opte pour une typologie en 5 classes.
# choix d'une typologie en 5 classes nbcl.MSA <- 5 part.MSA <- cutree(agnes.MSA, nbcl.MSA) %>% factor
Pour obtenir les chronogrammes des classes de la typologie (un graphique par classe et par dimension) :
# chronogrammes de la typologie par(mfrow=c(3,nbcl.MSA+1), mar=c(2.5, 2.1, 2.1, 2.1)) for(i in 1:nbcl.MSA) seqdplot(seqmat[part.MSA==i,], xtlab=14:35, border=NA, with.legend=FALSE, main=paste('classe',i)) seqlegend(seqmat, cex=0.5) for(i in 1:nbcl.MSA) seqdplot(seqenf[part.MSA==i,], xtlab=14:35, border=NA, with.legend=FALSE) seqlegend(seqenf, cex=0.5) for(i in 1:nbcl.MSA) seqdplot(seqlog[part.MSA==i,], xtlab=14:35, border=NA, with.legend=FALSE) seqlegend(seqlog, cex=0.5)
Une alternative à l'analyse de séquences multiples est la Globally Interdependent Multiple Sequence Analysis (GIMSA, voir Robette et al, 2015).
On commence par charger les données et les coder sous forme de séquences. Il s'agit de : - 400 trajectoires professionnelles de mères, observées entre 14 et 60 ans avec les états suivants: indépendante, catégorie socioprofessionnelle moyenne/supérieure, catégorie socioprofessionnelle populaire, inactivité, études. - 400 trajectoires d'emploi de leurs filles, observées au cours des 15 premières années après la fin des études, avec les états suivants: études, inactivité, temps partiel , temps plein.
# chargement des données data(seqgimsa) trajfilles <- seqgimsa %>% select(starts_with('f')) str(trajfilles)
trajmeres <- seqgimsa %>% select(starts_with('m')) str(trajmeres)
# définition des séquences lab.meres <- c("indép","moyen/sup","popu","inactivité","études") pal.meres <- brewer.pal(5, "Set1") seqmeres <- seqdef(trajmeres,lab=lab.meres, cpal=pal.meres)
lab.filles <- c("études","inactivité","temps partiel","temps plein") pal.meres <- brewer.pal(4, "Set1") seqfilles <- seqdef(trajfilles,lab=lab.filles, cpla=pal.filles)
La première étape consiste à calculer une matrice de distance pour les mères et une pour les filles. On utilise la métrique LCS pour les mères et la distance de Hamming pour les filles.
# étape 1 : mesure de dissimilarité dmeres <- seqdist(seqmeres,method="LCS") cout.filles <- seqsubm(seqfilles, method="CONSTANT", cval=2) dfilles <- seqdist(seqfilles, method="HAM", sm=cout.filles)
Dans la seconde étape, on résume les matrices de distance à partir d'un MDS.
# étape 2 : multidimensional scaling mds.meres <- cmdscale(dmeres, k=20, eig=TRUE) mds.filles <- cmdscale(dfilles, k=20, eig=TRUE)
On sélectionne le nombre de facteurs à retenir pour chacun des MDS.
# choix du nombre de dimensions à retenir pour les mères par(mfrow=c(1,2)) # mesure de stress seqmds.stress(dmeres, mds.meres) %>% plot(type='l', xlab='nombre de facteurs', ylab='stress') # part de variance expliquée (mds.meres$eig[1:10]/mds.meres$eig[1]) %>% plot(type='s', xlab='nombre de facteurs', ylab='part de variance expliquée')
# choix du nombre de dimensions à retenir pour les filles par(mfrow=c(1,2)) # mesure de stress seqmds.stress(dfilles, mds.filles) %>% plot(type='l', xlab='nombre de facteurs', ylab='stress') # part de variance expliquée (mds.filles$eig[1:10]/mds.filles$eig[1]) %>% plot(type='s', xlab='nombre de facteurs', ylab='part de variance expliquée')
Dans la troisième étape, on résume les relations entre les résultats du MDS des mères et ceux du MDS des filles, à l'aide d'une PLS symétrique.
# étape 3 : PLS symétrique a <- mds.meres$points[,1:5] b <- mds.filles$points[,1:4] pls <- symPLS(a,b)
Dans la quatrième et dernière étape, on calcule une matrice de distance unique entre les dyades de trajectoires mères-filles. Il est possible de pondérer les dimensions des mères et des filles, pour équilibrer leur contribution aux résultats finaux.
# étape 4 : distance et classification # pas de pondération F <- pls$F G <- pls$G # pondération par la variance des composantes de la PLS (w1) F <- apply(pls$F,2,scale,center=FALSE) G <- apply(pls$G,2,scale,center=FALSE) # pondération par le nombre de séquences distinctes (w2) F <- pls$F/nrow(seqtab(seqmeres,tlim=0)) G <- pls$G/nrow(seqtab(seqfilles,tlim=0)) # pondération par la 1ère valeur propre du MDS (w3) F <- pls$F/mds.meres$eig[1] G <- pls$G/mds.filles$eig[1]
On utilise ici la pondération w1.
# pondération par la variance des composantes de la PLS (w1) F <- apply(pls$F,2,scale,center=FALSE) G <- apply(pls$G,2,scale,center=FALSE)
# calcul de distance diff2 <- function(X) return(as.matrix(dist(X,upper=T,diag=T)^2,nrow=nrow(X))) D <- (diff2(F)+diff2(G))^0.5
On réalise ensuite une classification automatique (ici une CAH).
# classification dist.GIMSA <- as.dist(D) agnes.GIMSA <- agnes(dist.GIMSA, method="ward", keep.diss=FALSE) plot(as.dendrogram(agnes.GIMSA), leaflab="none")
On choisit une partition en 5 classes.
# partition en 5 classes nbcl.GIMSA <- 5 part.GIMSA <- cutree(agnes.GIMSA, nbcl.GIMSA) %>% factor
Pour finir, on représente graphiquement la typologie à l'aide de chronogrammes.
par(mfrow=c(3,nbcl.GIMSA), mar=c(2.5, 2.1, 2.1, 2.1)) for(i in 1:nbcl.GIMSA) seqdplot(seqmeres[part.GIMSA==i,], xtlab=14:60, border=NA, with.legend=FALSE, main=paste('classe',i)) for(i in 1:nbcl.GIMSA) seqdplot(seqfilles[part.GIMSA==i,], xtlab=1:15, border=NA, with.legend=FALSE) seqlegend(seqmeres, cex=0.6) seqlegend(seqfilles, cex=0.6)
par(oldpar) options(oldoptions)
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